Les tiques et la maladie de Lyme

13 mars 2022

 

Depuis quelques années, un des parasites qui inquiètent particulièrement les propriétaires d’animaux de compagnie est la tique.

Cet acarien, qui arrive du sud de la frontière américaine, est maintenant bien présent dans notre province. Avec le réchauffement climatique, les tiques s’adaptent à notre environnement et arrivent maintenant à survivre à nos conditions météorologiques.

Les tiques sont actives dès que les températures atteignent quatre degrés Celsius, donc dès le début du printemps jusqu’à la fin de l’automne et même parfois l’hiver quand il y a des fluctuations de températures, qu’il n’y a pas beaucoup de neige et qu’il ne fait pas très froid. On les retrouve principalement dans les herbes hautes, les régions boisées, les buissons et sous les feuilles mortes, mais les animaux de la faune et les chats d’extérieur peuvent aussi les déplacer dans l’environnement. Il n’est donc pas rare qu’on retrouve des tiques sur des animaux qui ne sortent jamais de leur terrain. Les tiques ne sautent pas et ne volent pas. Elles attendent patiemment qu’un hôte passe suffisamment près d’elles pour s’y accrocher. En bas de quatre degrés Celsius, les tiques ne meurent pas. Elles sont seulement dans un état de dormance.

Une douzaine d’espèces de tiques sont présentes au Québec et elles sont les vecteurs de plusieurs maladies, dont la maladie de Lyme. La maladie de Lyme se nomme ainsi, puisque c’est dans la ville de Lyme, dans l’état du Connecticut aux États-Unis, que la maladie a été décrite pour la première fois dans les années 70. L’espèce de tiques responsable de la transmission de la maladie au Québec se nomme Ixodes scapularis. On l’appelle aussi tique du chevreuil ou tique à pattes noires. Seule cette espèce peut transmettre la bactérie Borrelia burgdorferi qui est responsable de la maladie de Lyme. La transmission de la maladie se fait dans les 36 à 72 heures après la morsure d’une tique porteuse.

La maladie de Lyme affecte principalement le chien et l’humain. La maladie de Lyme chez le chat est beaucoup plus rare. Quelques cas seulement auraient été rapportés à ce jour. La maladie de Lyme est une maladie zoonotique. Qu'est-ce qu'une zoonose? C’est une maladie infectieuse qui se transmet entre un animal et un humain. Toutefois, il est important de savoir que vous ne pouvez pas contracter la maladie de Lyme directement de votre chien infecté. Dans le cas de cette maladie, la tique sert de vecteur, c’est-à-dire qu’elle contracte la maladie en se nourrissant sur un animal infecté et la transmet à d’autres individus ensuite. Il faut obligatoirement que vous soyez mordu par une tique infectée pour contracter la maladie. Comme vous visitez probablement les mêmes endroits que votre animal, si vous retrouvez des tiques sur celui-ci, il est probable que vous soyez exposé à des tiques vous aussi. Il sera donc important de procéder à votre auto-inspection.

 

Quels sont les signes cliniques de la maladie de Lyme chez le chien?

Seulement 5 à 10% des chiens infectés présenteront des symptômes qui apparaîtront dans les 2 à 5 mois après l’infection. On observe alors les signes suivants :

  • Une boiterie avec de l’arthrite au niveau d’une ou plusieurs articulations
  • De la fièvre
  • De la léthargie
  • Des douleurs musculaires
  • Des ganglions enflés
  • Une perte d’appétit
  • Dans des cas plus sévères, mais heureusement peu fréquents, une atteinte rénale, cardiaque ou neurologique peut se produire

 

Comment peut-on diagnostiquer la maladie de Lyme chez le chien? 

  • Les tests sérologiques : ils consistent à vérifier s’il y a présence d’anticorps dans le sang. Parmi les différents tests sérologiques disponibles, le test que nous utilisons s’appelle le SNAP 4DX disponible chez les laboratoires Idexx. Si le test s’avère positif, des tests complémentaires seront recommandés tels que :
    • Une urologie : pour vérifier la présence de protéines dans l’urine, ce qui pourrait indiquer une atteinte rénale.
    • Test quantitatif des anticorps : pour établir une valeur de référence de la quantité des anticorps dans le sang
    • Profil biochimique complet : afin d’évaluer s’il y a une atteinte rénale

 

Pourquoi ne pas faire analyser les tiques? 

Comme plusieurs régions du Québec sont des zones endémiques, ce qui veut dire que la présence de maladie de Lyme y est confirmée, on ne procède plus systématiquement à l’analyse des tiques. Ces analyses servent seulement à identifier l’espèce de tique récoltée. Elle ne donne aucune indication à savoir si la tique est porteuse de la bactérie Borrelia burgdorferi ni si la bactérie a pu être transmise à votre animal. Les tests sérologiques, comme le Snap 4Dx, sont donc plus utiles si l’on cherche à déterminer une possible contamination.

 

Quand faire tester mon animal? 

Il est recommandé d’effectuer un test de dépistage annuellement lors de l’examen de routine de votre animal si vous habitez dans une région endémique. Si vous avez retrouvé une tique sur votre animal, on recommandera alors un test de dépistage 6 semaines suite au retrait de la tique. Si votre animal présente des symptômes compatibles avec la maladie de Lyme, on recommandera évidemment de le faire dépister. On recommandera aussi de faire dépister votre animal si vous avez voyagé dans une zone à risque ou si votre animal est importé d’un autre pays à risque.

 

Est-ce qu’il existe un traitement à la maladie de Lyme? 

Pour les chiens positifs aux tests sérologiques et présentant des symptômes, le traitement consiste généralement à administrer un antibiotique, la Doxycycline, pendant 4 à 6 semaines. S’il y a une atteinte rénale, on recommandera probablement de traiter avec l’antibiotique pour une période plus longue et on recommandera des médicaments et des soins de support indiqués dans les cas d’insuffisance rénale. Pour les chiens qui souffrent d’arthrite et qui ne répondent pas au traitement antibiotique seul, on pourra ajouter des corticostéroïdes à leur traitement. Pour ceux ne présentant pas de symptôme, la pertinence de traiter est discutable. Il sera probablement recommandé d’effectuer un traitement si le niveau d’anticorps dans le sang dépasse une certaine valeur et de ne pas traiter si la quantité d'anticorps est inférieure à cette même valeur. Que le chien soit traité ou non, il est recommandé d’effectuer un test quantitatif des anticorps 6 mois plus tard pour évaluer la réponse au traitement ou pour évaluer que le niveau d’anticorps diminue bien avec le temps.

Comment protéger son animal des tiques et de la maladie de Lyme?

  • Inspection des animaux : après chaque sortie à l’extérieur, vérifier méticuleusement le pelage de vos animaux et retirer les tiques aussitôt que possible en portant des gants et en utilisant de préférence un crochet à tiques ou une pince à sourcils. Pour bien retirer une tique, il est important de saisir la tête de la tique et non son abdomen. La tête de la tique se trouve sous la peau. Il faut donc placer l’outil très près de la peau. Effectuez des rotations en tirant lentement et délicatement sur la tique pour faire sortir la tête de la peau. Examinez la tique et assurez-vous qu’elle a été retirée entièrement. Placez ensuite la tique dans un contenant hermétique ou jetez-la dans la toilette pour la tuer. Ne l’écrasez pas, afin d’éviter qu’elle expulse ses œufs. Si vous n’êtes pas à l’aise de retirer les tiques vous-même, prenez rendez-vous à la clinique avec une technicienne en santé animale.  Prenez aussi rendez-vous pour un test de dépistage 6 semaines après la date de retrait des tiques. Comme la grosseur de la tique peut varier selon son stade de vie et le nombre de jours qu’elle est attachée à l'animal, il peut être difficile de voir les tiques dans le pelage. De plus, comme la morsure d’une tique est indolore, votre animal ne démontrera pas d’inconfort au site de morsure. Pour avoir l’esprit tranquille et une protection optimale, il existe différentes options de prévention.
  • Les antiparasitaires : pour les chiens, il existe sur le marché plusieurs produits de prévention contre les tiques, comme des liquides qu’on applique sur la peau et des comprimés oraux qu’on administre mensuellement ou aux 3 mois. Pour les chats, très peu de produits sécuritaires sont présentement disponibles sur le marché. Attention aux produits pour chiens qui peuvent être hautement toxiques pour les chats et causer de graves intoxications. Les produits sécuritaires pour chats sont des produits topiques à appliquer mensuellement ou aux 2 mois et sont disponibles en clinique vétérinaire exclusivement. Le principal avantage d’utiliser les produits préventifs est que ceux-ci ont la capacité de tuer la tique au contact ou en quelques heures suite à la morsure. Comme il existe plusieurs produits, consultez votre vétérinaire pour savoir lequel convient le mieux à votre animal et à vos besoins.
  • Le vaccin contre la Lyme : il existe un vaccin qu’on administre annuellement pour protéger les chiens contre la maladie de Lyme. Toutefois, le vaccin n’a aucun effet répulsif, donc il n’empêche pas les tiques de pouvoir s’accrocher à votre animal. De plus, il ne tue pas la tique. Jusqu’à présent, l’utilisation du vaccin est controversée. Informez-vous donc auprès de votre vétérinaire afin de savoir si le vaccin convient pour votre chien.
  • L'entretien du terrain : comme les tiques se tiennent principalement dans les herbes hautes et les buissons, tondez le gazon régulièrement pour le garder le plus court possible, taillez les buissons et les herbes hautes, puis évitez tout envahissement par les végétaux à proximité de votre terrain.

 

Dans cet article, nous avons surtout couvert la maladie de Lyme, mais sachez que les différentes espèces de tiques présentes au Québec peuvent aussi transmettre d’autres maladies, telles que l’anaplasmose et l’erlichiose. De plus, une espèce de tiques (Rhipicephalus sanguineus) peut se reproduire dans votre maison. C’est pourquoi il est impératif d’établir un bon plan de protection pour éviter les infestations de tiques.

Pour plus d’information sur les maladies transmises par les tiques et les différentes options de prévention, n’hésitez pas à communiquer avec votre équipe vétérinaire.


SEPTEMBRE : Le mois de la sensibilisation à la douleur animale

17 septembre 2021

 

SEPTEMBRE EST LE MOIS DE LA SENSIBILISATION À LA DOULEUR ANIMALE.

Les animaux sont des êtres sensibles qui ressentent eux aussi la douleur. C’est prouvé scientifiquement. Tout comme les humains, les animaux sont susceptibles d’être affectés par des conditions douloureuses qui réduisent leur qualité de vie. Une otite, une infection urinaire, une griffe cassée en sont quelques exemples. Ils méritent que cette douleur soit prévenue ou soulagée adéquatement. Heureusement, les mentalités concernant le traitement de la douleur chez les animaux ont grandement évoluées dans les dernières années et il est maintenant possible de limiter la souffrance animale.

 

À quoi sert la douleur?

Il faut savoir que la douleur est un mécanisme de défense. Lorsqu’un animal est blessé, il adopte un comportement d’évitement, afin de limiter les conséquences liées à la blessure. Si un chien se casse une griffe, il ressentira de la douleur et évitera alors de mettre du poids sur sa patte. Sans l’apparition de la douleur, il continuerait d’utiliser son membre blessé, ce qui pourrait par conséquent aggraver sa blessure. La douleur, bien que désagréable, est donc utile et bénéfique, jusqu’à un certain point. Une fois la douleur identifiée, il faut évidemment la soulager en corrigeant la cause, afin qu’elle disparaisse.

Le mécanisme de la douleur est le suivant :

Le mécanisme de la douleur est plutôt complexe, mais brièvement, on pourrait le résumer ainsi. Lorsqu’une blessure apparaît, un message est immédiatement capté par les terminaisons nerveuses qui se trouvent dans tous les tissus du corps (muscles, peau, os, tendons, ligaments, etc.). Ce message est ensuite transmis au cerveau en passant par la moelle épinière. Une fois arrivé au cerveau, le message est perçu comme une douleur. Cette douleur crée un réflexe afin d’éviter celle-ci. Par exemple, si l’on met la main sur une cuisinière allumée, les terminaisons nerveuses de notre main vont envoyer le message à notre cerveau « ça brûle! ». Le cerveau va alors envoyer la commande de retirer sa main afin d’éviter de se brûler.

On distingue deux types de douleur :

La douleur aiguë : c’est une douleur qui apparaît de façon subite. C’est généralement une douleur de courte durée lorsque la cause de la douleur est supprimée. On parle, entre autres, d’une douleur d’origine traumatique, chirurgicale ou infectieuse. Par exemple, une otite d’origine bactérienne causera de la douleur à l’oreille d’un chien, mais elle disparaîtra rapidement une fois le traitement antibiotique entamé.

La douleur chronique : c’est une douleur qui apparaît de façon plus subtile et qui se prolonge dans le temps. On parle d’une douleur qui peut durer plusieurs mois, voire plusieurs années. Elle est liée à un processus évolutif (le cancer par exemple), à un processus dégénératif qui évolue lentement (l’arthrose par exemple) ou à une douleur aiguë qui n’a pas été soignée adéquatement et qui a laissé des séquelles permanentes. Ce type de douleur est souvent plus difficile à soulager, c’est pourquoi il est important de l’identifier et de la traiter de façon précoce.

 

Les animaux, par instinct de protection, sont toutefois très habiles pour camoufler leurs symptômes liés à la douleur.

Voici les signes les plus fréquents de la douleur chez un animal :

  • Difficulté à se déplacer : votre animal boite ou marche plus lentement ?
  • Vocalises : votre chat miaule ou votre chien se lamente lorsqu’il est dans une position particulière, en mouvement ou lorsque touché ?
  • Diminution de l’activité : votre animal joue moins qu’à l’habitude, il semble désintéressé par les jeux qu’il aime habituellement, il refuse d’aller en promenade ?
  • Difficulté ou réticence à monter ou descendre les escaliers ou des surfaces en hauteur comme le sofa, le lit ou les comptoirs : votre animal hésite à monter ou descendre, il trébuche fréquemment, prend plus de temps à monter ou descendre qu’auparavant ?
  • Difficulté à se relever après les périodes de repos : votre animal prend plus de temps à se relever ou il semble ankylosé après avoir dormi ?
  • Léchage, mordillage ou grattage excessif de certaines zones du corps : votre animal se mordille au niveau des pattes, se lèche au niveau de la vulve ou du pénis ou se gratte les oreilles ?
  • Arrêt ou diminution du toilettage d’une ou plusieurs parties du corps : il apparaît des nœuds dans les poils de votre animal, son pelage est souillé d'excréments ?
  • Changement de comportement : votre animal semble moins enjoué, il se cache, il résiste aux manipulations (brossage, taille des griffes et même les câlins), il devient agressif ?
  • Difficulté à trouver une position confortable au repos : votre animal change souvent de position ou d’emplacement lorsqu'il veut se coucher ?

En analysant les habitudes de votre animal régulièrement, vous serez en mesure d’identifier plus rapidement les changements qui pourraient être expliqués par la douleur et ainsi agir, afin de le soulager. Un propriétaire attentif sera en mesure de savoir lorsque quelque chose ne va pas chez son compagnon.

 

Le traitement de la douleur réside dans l’identification de celle-ci et dans l’adoption d’une méthode pour la supprimer.

Voici quelques exemples de solutions pour soulager la douleur :

Les médicaments : les anti-inflammatoires, les antidouleurs, les anesthésiques locaux, les antibiotiques, en sont quelques exemples.

La chirurgie : l’exérèse d’une masse ou une chirurgie orthopédique, par exemple.

Physiothérapie : une solution intéressante suite à une chirurgie par exemple.

Les médecines alternatives : l’acuponcture en est un bon exemple.

 

Attention à l’autodiagnostic et l’automédication de votre animal. Vous ne devriez jamais donner de la médication à votre animal avant une évaluation professionnelle d’un médecin vétérinaire. Certains médicaments pourraient ne pas être appropriés pour la condition de votre animal et donc ne pas lui apporter les effets thérapeutiques recherchés ou même aggraver la condition. Notez aussi que la plupart des médicaments destinés aux humains ne sont pas compatibles avec les animaux et peuvent même être toxiques.

 

Si vous notez que votre animal présente un ou plusieurs de ces signes, c’est probablement qu’il souffre d’une condition qui lui occasionne de la douleur. N’hésitez surtout pas à consulter votre médecin vétérinaire. Nous sommes les mieux placés pour aider votre animal. Nous savons comment reconnaître, prévenir et soulager la douleur.

 

Bon mois de la sensibilisation à la douleur animale !